Cette page complète l'enquête, elle présente différents documents qui décrivent des moulins.
SOMMAIRE
Dessins descriptifs et fonctionnels de moulin
Encyclopédie Diderot et d'Alembert
Article de vente publique du journal l'Avenir du Morbihan
1884, vente de la minoterie du Bout du Pont, La Gacilly
Bail de location du 18e siècle
Le 14 janvier 1824, Joseph Marie Saulnier et Jean Pierre Cauret, notaires royaux à la résidence du canton de Carentoir, rédige un bail pour la ferme de Choizel et des moulins en Glénac. Ce document engage Louis Sorel et son épouse Louise Sorel envers Jean Cheval, bailleur, notaire royal et propriétaire.
L'analyse de ce document permet d'expliquer le vocabulaire propre au moulins à vente et à eau.
A Louis Sorel meunier et Louise Sorel sa femme qu'il autorise à l'effet des présentes, ensemble demeurant au village de Choizel, commune de Glénac en ce canton, preneurs solidaires à ce, présent et acceptant, à savoir : Tous les héritages appartenant à mon dit sieur bailleur situés au dit village de Choizel et environs en la susdite commune de Glénac y compris le moulin Neuf du Verger tournant, moulant, mouvant, travaillant et faisant farine, l'Étang d'Hermelin et le moulin à eau de Choizel tout quoi, les preneurs ont déclaré bien connaître et n'ont pas exigé plus ample description ni détail.
Le présent bail a été fait aux charges, clauses et conditions suivantes que les preneurs se sont obligés jointement et solidairement sous toute renonciation aux bénéfices de droit, d'exécuter et accomplir en tout leur contenu à peine de tous dépens, dommages et intérêts.
1. de jouir du tout en bon ménage et prudent père de famille ni souffrir qu'il y soit fait aucune sorte de démolition ni malversation à peine de rétablir à leurs frais.
2. d'entretenir les dits moulins au grand renable, c'est à dire de fournir et faire placer à leurs frais tous les matériaux et ustensiles nécessaires, tels que clous, lattes, chevilles, meules, rouets, marbres, verges et y compris la pelle et barianne du moulin à eau.
3. d'entretenir les maisons et logements de toutes les réparations locatives pendant la durée du présent pour les rendre en bon état à leur sortie.
4. qu'ils tiendront les terres labourables en bon labour et bien marnissées, les prés à faux courante bien étaupinés ; le tout clos de haies à l'ordinaire pour le rendre de même que les moulins en dû état à la fin du présent bail au désir du procès-verbal qu'il leur sera libre d'en faire rapporter dans la quinzaine de leur entrée en jouissance, copie duquel de la présente ils seront tenus de faire délivrer à Monsieur le bailleur, quinze jours après la passation de charge.
5. qu'ils ne pourront couper aucun arbre par pied ni tête et qu'ils pourront seulement les émonder à l'époque habituelle et en temps et saison compétents.
6. qu'ils laisseront à leur sortie les foins sur pied non coupés, les pailles de toute espèce en pailliers aux lieux ordinaires et les chaumes aussi sur pied.
Ce bail a été en outre consenti pour et moyennant la somme annuelle de Quatre Cent Soixante Quinze
Qui sont les locataires ?
Louis Sorel, meunier à Choisel, est né en 1787 à Sixt-sur-Aff, il décède le 10 février 1859. Le 12 aout 1823, il se marie à Louise Sorel, née le 28 septembre 1790 à la Gacilly et décédée le 11
juillet 1869 à Glénac. L’arrière-grand-père de Louise, Jacques Sorel est né le 4 avril 1674 aux Fougerêts et décède le 27 mai 1748 à la Gacilly. Il était meunier au grand moulin de la Gacilly.
Dans le cadre de l’enquête de Gouro, l’intérêt du bail réside dans l’inventaire des organes du moulin cités dans la clause n°2 : « D'entretenir lesdits moulins au grand renable, c'est à dire de fournir et faire placer à leurs frais tous les matériaux et ustensiles nécessaires, tels que clous, lattes, chevilles, meules, rouets, marbres, verges et y compris la pelle et barianne du moulin à eau. »
Le vocabulaire pour désigner les parties d’un moulin varie d’une région à l’autre, et même parfois sur un petit territoire. Par exemple, Louis Durand-Vaugaron cite dans son ouvrage « Le moulin à vent en Bretagne » les différentes appellations des ailes du moulin à vent : volants, branches, bras, verges, vergues.
Préalablement à l’explication de la clause n°2 du bail, nous allons donc replacer chacun des termes descriptifs de la clause n°2 dans le contexte du moulin.
Renable
Le renable est la vérification ou réception des travaux faits après leur achèvement et préalablement au payement à l'entrepreneur ou aux ouvriers.
Le terme désigne aussi l’inventaire du moulin lors des renouvèlements de baux. Il y avait le grand renable pour les aménagements extérieurs (les vannes d'amenée ou de fuite, les
rigoles ou biefs, les chaussées) et le petit renable dans lesquels étaient inventoriés et valorisés tous les appareils à l'intérieur du bâtiment du moulin (les meules, la roue, les cordes).
http://arkaevraz.net/wiki/index.php?title=1791_-_Subrogation_du_petit_et_grand_renable_du_moulin_du_Cleuziou
Latte
Dans l'Ouest, les moulins sont équipés de 4 ailes, généralement d’une longueur de 7 mètres. Elles sont composées de deux verges (ou vergues) qui se croisent, l’une devant l’autre, sur l’arbre
moteur. Des barreaux perpendiculaires sont implantés dans les verges. L’extrémité externe des barreaux peuvent être libres, ou être reliées par des lattes posées parallèlement à
la verge. La structure verge-barreau-latte constitue les ailes sur lesquelles reposent les toiles dont on fait varier la surface en fonction de la force du vent.
Rouet, Gros fer, Cheville
Les ailes entrainent le rouet fixé sur l’arbre moteur. La lanterne permet de passer d'un mouvement de rotation horizontal transmis par le rouet à un mouvement de rotation vertical qui entraîne les meules.
En fonte ou en bois, la lanterne est posée à l’extrémité haute du gros fer. Cet axe vertical est la pièce d’entrainement de la meule tournante, dont l'extrémité basse forme une
fourchette qui vient s'emboîter sur l'anille, pièce de fer en forme d' X fixée dans un logement de même forme sous la meule tournante et percée d'un trou carré dans lequel s'encastre le petit
fer. La tourte, fixée sur la base du petit fer, porte des chevilles qui transmettent au bâton les secousses pour agiter le blutoir séparant ainsi le son de la farine.
https://villesetvillagesdelavesnois.org/moulins-avesnois/moulinsavent/moulins-a-vent-avesnois.html
Meules
L’eau entraine la roue dans le plan vertical, le mouvement de rotation continu et rapide est transmis par des engrenages à une meule tournante dans le plan horizontal, et lui permette de remplir son office de puissante broyeuse.
Une bonne pierre meulière possède trois caractéristiques : une insensibilité à l'altération, l'hétérogénéité tenue par un ciment un peu moins dur, ce qui n'est pas le cas des calcaires ; une porosité importante qui facilite l'exploitation et le travail de la meule.
Pour faire les meules, les carriers choisissaient des pierres à gros cailloux dans lesquelles les quartz n'étaient pas lisses pour que le ciment gréseux tienne bien, dans
lesquelles le ciment ne s'effrite pas, plus ou moins grossières suivant la mouture à laquelle elles étaient destinées ; elles étaient toujours creusées à plat dans la roche pour être aussi
homogènes que possible afin d'éviter les cassures.
https://www.futura-sciences.com/planete/dossiers/geologie-meule-histoire-geologie-pierres-meulieres-1412/page/4/
Il fallait conserver une certaine rugosité aux meules. A l’aide d’un marteau particulier on recreusait les sillons et les rainures et l’on piquait la pierre. La consistance de la farine obtenue indiquait au meunier quand il devait intervenir pour « rhabiller » les meules.
Marbre
Les bras ou verges sont solidement implantés ou assemblés en croix dans l'arbre tournant. Cet arbre moteur fait une soixantaine de centimètres de diamètre. Il est incliné afin d'éviter la rotation du corps du moulin lorsque les ailes tournent (anti-couple). Le collet de l’arbre tournant pose à l'avant sur un palier en marbre.
Des lamelles en métal sont encastrées dans le collet de l’arbre, de façon à ce que le bois de l’arbre ne soit pas en contact direct avec le marbre. L’ensemble est constamment graissé. A l'arrière, il tourne dans un ensemble de pièces appelé prison.
Rouet
Le rouet est la grande roue en bois dentée destinée à transmettre le mouvement des ailes, elle mesure entre 1,5 et 2,5 mètres de diamètre. Les dents du rouet, nommés alluchons, sont en cormier ou en frêne, au nombre de 90 environ pour les plus grandes couronnes et forment la chaussure du rouet.
La jante du rouet est légèrement évidée pour recevoir une lame d'acier souple sur sa partie supérieur. C'est le frein. Ce frein est commandé par une forte barre de chêne d'environ 4.5 mètre de long. Autrefois le frein était en bois refendu. On trouvait ces freins en bois refendus dans "les foires aux cercles". Ils étaient fabriqués par des cercliers ou cerclaires-merrandiers qui fournissaient aussi les douelles de tonneaux.
Le rouet entraîne la lanterne et le système de montée des sacs de blés.
http://lezart.free.fr/moulin11.htm
Pelle
La pelle est la partie mobile des vannes nécessaire pour le fonctionnement du moulin à eau. Les vannes, éléments très importants dans la gestion de l’eau pour le fonctionnement du moulin, sont manœuvrées par le meunier suivant les besoins et les situations : abaissement ou remontée du niveau d’eau dans le bief, le canal de dérivation qui amène l'eau vers la roue du moulin.
Barianne
La
recherche est en cours pour connaître la signification de barianne !
Dans le bail Sorel, le grand renable comporte les éléments intérieurs (meules, marbres) et extérieurs. Dans l’ordre « du vent au blé », les verges et les lattes sont entretenues avant la fixation des voiles. Le rouet et le marbre du moulin nécessitent une attention particulière. Les dents sont inspectées et le marbre graissé. Les clous regroupent potentiellement toutes les pièces en fer comme l’axe d’entrainement de la meule tournante. La transmission verticale entraine la meule tournante. Son bon état de conservation est capital pour la production de la farine.
La rugosité efficace des meules donne le meilleur rendement au moulin. Le meunier recreusait, si nécessaire, les sillons et les rainures et piquait la pierre.
Le bail cite donc les pièces d’usure et celles qui subissent les plus fortes contraintes lors du fonctionnement du moulin. L’introduction du bail dit « …les preneurs ont déclaré bien connaître et n'ont pas exigé plus ample description ni détail. » Les Sorel, meuniers de père en fils, connaissent et maitrisent les moulins depuis des lustres.
Outre la profession de meunier, la famille comporte des amoulageurs.
La vente est réalisée le dimanche 17 août 1884 par M. Fischer, notaire à Redon. Elle concerne: la minoterie, la maison d'habitation, l'écurie aux vaches, une petite l'écurie, un appentis, le refuge à porcs, le petit pré, le jardin avec le four et le hangard, la vieille maison