Autour des moulins

Le meunier joue un rôle crucial dans la communauté médiévale en étant indispensable à la vie quotidienne. En tant qu'agent du seigneur, il est responsable d'une machine qu'il est le seul à savoir faire fonctionner, et sa maîtrise des éléments tels que l'eau ou le vent le place au même rang d'importance que le forgeron. Sa résidence permanente dans ou à proximité du moulin, son lieu de travail, le distingue des autres habitants. Malheureusement, il est mal compris et entouré de préjugés négatifs. Sa réputation est entachée par des accusations de vol, car il perçoit une partie de son salaire en nature. De plus, on le soupçonne de profiter de sa position pour séduire les femmes des autres, alimentant ainsi la jalousie à son égard.

Quant à la meunière, ménagère et mère de famille, elle apporte son aide aux tâches de la meunerie dans cet environnement isolé et dangereux. Elle comble l'espace entre le client et son mari tout en restant fragile. En cas de veuvage, elle peut prendre en main la gestion du moulin. Réputée pour sa beauté et sa frivolité, elle attire les hommes venus au moulin, profitant du temps libre pendant que le meunier est occupé.

 

C'est à partir de cette transmission d’idées que se construit tout un imaginaire qui interprète et transpose, à travers le langage écrit et visuel, le moulin, le meunier et la meunière. Il est important de souligner que ce contexte concerne essentiellement les moulins à eau et à vent destinés à la fabrication de la farine.

Chanson, comptine...

Tourne, tourne, petit moulin
Une petite chanson idéale pour que bébé puisse apprendre à coordonner ses mouvements.

Tourne, tourne, petit moulin.
Tapent, tapent, petites mains.
Volent, volent, petits pigeons.
Nagent, nagent, petits poissons.

Petit moulin a bien tourné,
Petites mains ont bien tapé,
Petits pigeons ont bien volé,
Petits poissons ont bien nagé.

Meunier, tu dors

La comptine française traditionnelle pour enfants parle du meunier dormant et du moulin qui tourne. Meunier tu dors serait issue d'une chanson de Léon Raiter, un compositeur et éditeur de musique français d'origine roumaine mort en 1978, et de Fernand Pothier.

 

Meunier tu dors

Ton moulin ton moulin va trop vite

Meunier tu dors

Ton moulin ton moulin va trop fort !

Refrain :

Ton moulin ton moulin va trop vite

Ton moulin ton moulin va trop fort

Ton moulin ton moulin va trop vite

Ton moulin ton moulin va trop fort !

Meuniers tu dors,

Et le vent souffle souffle

Meuniers tu dors,

Et le vent souffle fort.


Poésie

Le Meunier, son fils et l'âne

C'est la première fable du livre III de Jean de La Fontaine situé dans le premier recueil des Fables de La Fontaine, édité pour la première fois en 1668. La Fontaine dédie cette fable à son ami de toujours : François de Maucroix.

 

Extrait :

(...) J'ai lu dans quelque endroit qu'un Meunier et son Fils
L'un vieillard, l'autre enfant, non pas des plus petits,
Mais garçon de quinze ans, si j'ai bonne mémoire,
Allaient vendre leur Âne un certain jour de foire.
Afin qu'il fût plus frais et de meilleur débit,
On lui lia les pieds, on vous le suspendit ;
Puis cet Homme et son Fils le portent comme un lustre ;
Pauvres gens, idiots, couple ignorant et rustre. (...)

La Meunière et la grande Dame

Une dame fort riche un jour, en son boudoir,

Reçut une meunière, et celle-ci crut voir

S'ouvrir le paradis : Oh dit la bonne femme,

Oh ! que c'est beau le boudoir de madame !

Oh ! les dentelles du rideau,

Les glaces, les tapis, que c'est beau ! que c'est beau

Pour achever d'étonner la meunière,

La châtelaine ouvrit ses écrins précieux

Et fit miroiter sous ses yeux

Et ruisseler à la lumière

Or, saphirs et rubis, perles et diamants.

La villageoise en eut des éblouissements ;

Et la dame riait. Mais notre visiteuse.

Que chaque objet nouveau rendait plus curieuse.

S'avisa de savoir alors

Combien de temps la dame avait pu mettre

Pour amasser tous ces trésors.

— Combien ? Mais je ne sais : cent ans, deux cents peut-être.

Car presque tout cela me vient de mes aïeux.

— Et ça coûte-t-il cher ? — Oh ! des prix fabuleux !

Tenez, c'est mille écus cette petite pierre

— Et ça vous rapporte combien" ?

— Mais rien du tout, ma bonne femme, rien ; Tous les hivers, bien au contraire,

Cela coûte un peu d'entretien.

— Tiens, c'est drôle, observa la naïve meunière, J'ai des pierres aussi, j'en ai deux seulement ;

Elles ne sont pas aussi belles Mais me rapportent joliment.

— Ah ! dit la châtelaine, et comment donc sont-elles ?

— Ce sont, répondit l'autre avec un air malin. Les deux pierres de mon moulin.

J.-M. Villefranche


Histoire

« Le Meunier d'Arleux », un fabliau du XIIIe siècle, raconte l'histoire d'un meunier qui désire une jeune fille, mais finit par être trompé par sa femme et son valet.

 

Dans « Le Meunier et les Deux Clercs », on découvre un meunier voleur, complice de sa femme, qui dérobe le sac de blé appartenant à deux pauvres clercs.

 

Un conte de Bretagne intitulé « Le Meunier et le Seigneur » met en scène un meunier particulièrement rusé qui réussit à tromper le seigneur à travers de nombreuses péripéties.

 

Dans la farce intitulée « Le Meunier de qui le diable emporte l'âme en enfer » (1496), composée par André de la Vigne, le diable intervient pour s'emparer de l'âme d'un meunier chargé de nombreux péchés.

 

Bien sûr, il y a les moulins de Don Quichotte racontés par Cervantès vers 1620. On s'amuse de voir le vieil hidalgo attaquer fougueusement les moulins qui parsèment les collines de la Manche espagnole.

 

Le moulin 

(…) Tandis que devant moi,

Dans la clarté douteuse où s’ébauchait sa forme,

Debout sur le coteau comme un monstre vivant

Dont la lune sur l’herbe étalait l’ombre énorme,

Un immense moulin tournait ses bras au vent.

D’où vient qu’alors je vis, comme on voit dans un songe

Quelque corps effrayant qui se dresse et s’allonge

Jusqu’à toucher du front le lointain firmament,

Le vieux moulin grandir si démesurément

Que ses bras, tournoyant avec un bruit de voiles,

Tout à coup se perdaient au milieu des étoiles,

Pour retomber, brillant d’une poussière d’or

Qu’ils avaient dérobée aux robes des comètes ?

Puis, comme pour revoir leurs sublimes conquêtes,

A peine descendus, ils remontaient encore.

Guy de Maupassant