Cette tombe traditionnelle a plus de 100 ans. Entourage en schiste, gravillons sur la partie centrale, belle stèle en schiste gravée, surplombée d’une croix traditionnelle en fer blanc du début du 20ème siècle. Cette tombe est très bien entretenue. Son originalité est dans le texte gravé dans la stèle :

HUBERT ALEXANDRE janvier 1887 tombé au champ d’honneur 1914
érigé par Jean et Julien Hubert ses oncles.

HUBERT Alexandre Joseph Marie voit le jour au bourg de La Chapelle-Gaceline le 4ème jour de janvier 1887. Son père Joseph, 31 ans est cultivateur et sa mère Julienne Houssin, 23 ans est cultivatrice. Son père et son grand-père sont témoins à la mairie devant le maire Jean Mauvoisin.

Le recensement d’avril 1891 nous donne la composition de la famille Hubert au bourg : Les grands-parents, Joseph, 62 ans, cultivateur et chef de famille, son épouse Anne-Marie Calo, 60 ans ; Le fils ainé, (le père d’Alexandre), Joseph, 36 ans, cultivateur, il est veuf depuis le décès de son épouse Julienne Houssin en 1887 ; Le second fils Jean, 27 ans, maçon ; le 3ème fils, Julien, 24 ans, cultivateur ; Le petit Alexandre a 4 ans. La famille a 2 domestiques, Marie Rose Bellon 29 ans et Julien Boudart 14 ans. La ferme doit être importante.

1906, ses grands-parents sont morts, son père Joseph s’est remarié avec Louise Labbé, ses oncles sont partis, Alexandre a 19 ans, il est cultivateur.

1907, l’année de ses 20 ans, il passe le conseil de révision à la mairie de La Gacilly. Il mesure 1.65m, a les cheveux châtains, les yeux bleus et sait lire et écrire. Le 7 octobre 1908, il est incorporé au 51ème régiment d’artillerie de Nantes. Il fait 2 années de service militaire. Il a ensuite 4 années de paix à La Chapelle. Mobilisé dès le 1er août 1914, il arrive au 51ème le 3 août. Il est 2ème canonnier conducteur au 24ème bataillon.

Voici un extrait du journal de marche du régiment, source Gallica.

LA MOBILISATION (2 Août 1914)

Le 2 août 1914, le quartier du 51ème d’artillerie, à Nantes, se remplit de jeunes gens encore en civil, pour la plupart Bretons et Vendéens, qui accourent prendre leur place au régiment. On mobilise! Et tous, qu'ils aient quitté leurs landes bretonnes, leurs collines du Bocage ou leurs ateliers des villes, tous arrivent en chantant, l'âme épanouie par la perspective d'une revanche contre cet adversaire qui nous saute à la gorge, piétinant le droit, faisant fi de nos Alliés et persuadé-que le vieux sang de France est anémié! On mobilise, et les 5 et 6 août, couverts de fleurs, aux accents de la Marseillaise, les trains qui emportent les batteries du 51ème s'ébranlent, emmenant tous ces hommes dont beaucoup doivent mourir et qui, tous, auront à souffrir!

La vie en campagne commence; officiers et soldats apprennent à se connaître à fond et à s'aimer. Des amitiés comme il ne s'en créera que pendant la guerre se nouent.

LE COMBAT DE MAISSIN (22 Août 1914)

Le 20, la division passe la frontière belge et, sous une pluie battante, le régiment bivouaque à Noirfontaine. Le 21, au petit jour, la marche en avant est reprise; vers midi, on commence à entendre quelque fusillade. Les reconnaissances partent, les batteries fiévreuses 1 cherchent des positions d'attente : cette fois, c'est la bataille !

LA BATAILLE DE SEDAN (24-27 Août 1914)

Le 24 août, le régiment se trouve sur la rive gauche de la Meuse, face à Sedan. La puissance des attaques allemandes, l'incontestable avantage que leur donne une artillerie lourde quasi invulnérable a fait plier l'enthousiasme des premiers jours.

LA GUERRE DE TRANCHÉES

Septembre Octobre 1914, les lignes d'infanterie se fixent, des tranchées apparaissent. Pendant tout cet hiver 1914-1915, fantassins et artilleurs luttent continuellement contre le Boche, la pluie, le froid, la boue.

 

C’est dans ces conditions difficiles, mal équipé contre le froid et la pluie qu’Alexandre tombe malade. Il contracte la fièvre typhoïde. Il est évacué vers l’hôpital de la charité dans le 6ème arrondissement de Paris. Il y décède le 14 décembre 1914.

Il faut attendre janvier 1917, pour que son acte de décès soit transcrit dans le registre de la commune par le maire Gérard.

Il est probable que sa famille, ses oncles, car son père est décédé en avril 1914, ont été informés du décès du soldat Hubert. Ils décident donc après le retour de sa dépouille d’ériger cette stèle pour perpétuer le souvenir de leur neveu.

Détail de la stèle, 2 drapeaux entrecroisés

Yvon Castel novembre 2024.

Sources : état civil et cimetière de La Chapelle-Gaceline, archives départementales du Morbihan, Mémoires des Hommes, Gallica, Généanet.