Dans la Vilaine et ses affluents, « l’anguille est en voie d’extinction », alertent les associations

Article Les Infos du 18 avril 2023, Gwénaël Merret

 

Les pratiques de la pêche évoluent, les milieux aquatiques aussi. Vendredi 21 avril 2023, à la demande de l’association La Gacilly patrimoine, Claude Soulas et Dominique Hurtel, passionnés de pêche et anciens présidents d’associations de pêche, animeront une conférence suivie d’un débat à la salle omnisports de Glénac (Morbihan). Évoquant l’histoire de cette pratique, ils tiennent aussi à alerter sur les menaces qui pèsent sur la biodiversité des rivières.

 

 

Vendredi 21 avril 2023, Claude Soulas évoquera, à Glénac (Morbihan), l’évolution de la pratique de la pêche. D’abord vivrière puis de loisirs à la ligne, elle a connu diverses évolutions mais doit dorénavant affronter une baisse drastique du nombre de certains poissons de la région, tels que l’anguille. Une riche biodiversité en danger.

 

Quand la mer remontait jusqu’à La Gacilly

 

« Des témoignages de pêche à la lamproie, au saumon, à l’alose et à l’anguille remontent au XVe siècle. Il s’agissait d’un complément de revenus pour les paysans-pêcheurs de Glénac et alentours », explique Philippe Boudard, référent patrimoine pour Glénac (Morbihan), au sein de L’association La Gacilly patrimoine. Les anciennes maisons basses de pêcheurs sont encore visibles aujourd’hui. « Ces paysans utilisaient des bosselles en osier, interdites aujourd’hui en raison de la raréfaction de l’anguille », rappelle Claude Soulas, Gacilien qui pêche depuis les années 1960 dans l’Aff. « Dès 10 ans, je pêchais du gardon, de la brême et une friture que nous mangions à l’époque. »

 

Avant la création du barrage d’Arzal en 1970, l’eau de mer remontait jusqu’à La Gacilly. Certains poissons maritimes comme le saumon ou la truite de mer venaient se reproduire ici. « Le barrage d’Arzal a mis fin à cette migration par la Vilaine et l’Oust. Les pêcheurs ont milité pour la création d’une échelle à poissons à Arzal, installée en 1980. Heureusement, ces espèces, bien qu’elles aient fortement diminué, n’avaient pas disparu, se souvient Claude. Elles remontent toutefois beaucoup moins, d’où la diminution du poisson dans nos rivières. »

 

La pêche « devient aujourd’hui une activité sportive en barque avec du matériel sophistiqué. Les jeunes trentenaires amateurs de pêche rejettent largement le poisson. Ils sont peu friands de poisson d’eau douce, mais c’est un sport qui génère une forte activité économique ».

250 fois moins d’anguilles qu’en 1960

 

Clause Soulas a été 16 ans trésorier et 32 ans président de l’Association agréée pour la pêche et la protection du milieu aquatique (AAPPMA) du mortier de Glénac et de Lanvaux, qui avec plus de 1 000 adhérents, est « la 4e association de pêcheurs du Morbihan ».

Il lance aujourd’hui un cri d’alarme : « L’anguille, poisson d’eau douce qui part en mer se reproduire, ne remonte que très peu aujourd’hui. Ce poisson est bloqué à Arzal et y est massivement capturé par la pêche professionnelle. À cela s’ajoute la moindre qualité de l’eau. » Dans les années 1960, 250 tonnes de civelles (jeunes anguilles) remontaient la Vilaine, contre une seule tonne aujourd’hui. « Nous avions demandé un moratoire de cinq ans. Elle va disparaître. »

Le Vincentais Dominique Hurtel se souvient, quant à lui « des parties de pêche familiale dominicale. On pêchait à la ligne et aux filets : c’était nos repas du dimanche soir ». Sa passion l’amène à devenir président de 2005 à 2019 de l’association de pêche aux engins unique en Morbihan. « Malgré une baisse, nous comptons 147 pêcheurs qui utilisent des anguillères, des tambours et des lignes de fond ainsi que des carrelets. Nous pêchons du brochet, du sandre, de la perche, du saumon et parfois de l’anguille. »

 

Crédit : https://www.ouest-france.fr/bretagne/glenac-56200/dans-la-vilaine-et-ses-affluents-languille-est-en-voie-dextinction-alertent-les-associations